24 février 2016

Un mouton parmi les moutons,

(Crédit photo : Spin360)

Je suis plutôt patiente et j'ai une tendance à aimer les gens, vous savez, les aimer même quand ils sont fuis, maltraités, désordonnés, cinglés voire même désagréables, méchants (oui, je suis masochiste !). J'adore les gens. Leurs différences, leurs visions, leurs états d'esprit, m'apprennent énormément sur la vie, sur la beauté de la vie. Et même leur étrangeté, parfois, apporte un regard positif sur ce qui m'entoure. Mon regard sur les gens est un regard d'artiste, il peut sans cesse évoluer et il n'est jamais figé. Je décide toujours de voir le bon avant le mauvais, à mes risques et périls, bien que j'ai appris à ranger certains critères dans un tiroir par naïveté.

Mais par contre, je ne supporte pas les jaloux, ou alors ceux qui n'ont pas confiance en eux, et qui t'étouffent (c'est tellement mieux d'étouffer celui qui est bien dans ses baskets). Un temps, j'ai essayé, tant bien que mal, avec des excuses comme : "Cette personne a besoin d'être valorisée, a besoin d'être portée, a besoin qu'on lui montre son potentiel, tu peux bien faire ça à ton niveau". J'ai eu la bénédiction (oui, parce que je ne crois pas en la chance) d'avoir une famille aimante et encourageante. Aucune comparaison avec mon frère, l'égalité a été un des piliers de nos rapports familiaux, les capacités ont été valorisées, les passions ont été reçues et mises en valeur, les projets ont été encadrés, des sacrifices et de l'amour inconditionnel, malgré nos choix, nos décisions. J'ai conscience que ce n'est pas à la portée de tout le monde, et pendant de nombreuses années, je me suis persuadée que c'était à moi, "chanceuse", de combler le "manque de chance" chez l'autre. Jusqu'au jour où j'ai réalisé que : 1) ce n'était pas mon rôle, et 2) ces personnes utilisaient ma gentillesse pour m'écraser, me rabaisser, toujours consciemment mais très subtilement. Grosso modo : ils voulaient retourner le statut de "chanceuse" et de "manque de chance", à leur façon.
C'est très vicieux, et c'est un long processus (ces gens-là ont une patience très... surprenante). Naïveté + gentillesse = on leur trouve toujours de bonnes excuses, et ils sont tellement forts dans leur perfidie, qu'on se remet sans cesse en question, en positionnant le tort de notre côté. Jusqu'à perdre confiance en soi. Jusqu'à remettre en question ses compétences, ses choix, ses passions, voire même sa personnalité. Jusqu'à se sentir "comme tout le monde", sans saveur, sans couleur, dans la foule (quand on me connaît, c'est tout ce que je déteste : le mouton parmi le mouton).

Et puis j'ai rencontré G., plein d'assurance, confiant en ses projets, son avenir, sa personnalité. Quand j'ai rencontré G., c'était un peu comme si "Bang Bang" de Mani passait à la radio à ce moment précis (haha, trop forte, cette image). J'ai forcément été happé par la danse qu'il menait sur les trottoirs de la vie. Et je tenais, en face de moi, deux discours différents : celui du "manque de chance" et celui qui me faisait "danser la vie". Mon moral a donc fait le yo-yo pendant de nombreuses années, un lundi j'étais cette parisienne-artiste-qui-aime-la-mode-la-beauté-la-musique-la-peinture-la-décoration-le-design-les-voyages-la-photographie et j'en passe, le mardi j'étais cette fille-qui-aime-la-vie-mais-qui-ne-sait-pas-comment-l'aborder. J'ai donc préféré me mettre en retrait, juste un peu, suffisamment, pour qu'on m'oublie et que je sois de la même couleur que la foule. Mais quand la foule était bleu, G. était vert, et j'enviais cette possibilité, cette capacité, qu'il avait d'être vert au milieu du bleu. Alors on en a parlé, et G. s'est très vite rendu compte que j'étais entourée de gens appelés "toxiques, destructeurs", qui, par envie, par jalousie, par rivalité, par compétition (donc confiance en soi = -4), m'entraînaient dans leurs tourments.
Quand on aime les gens, qu'on voudrait qu'ils aient tous conscience de leur valeur, il est difficile de se dire "OK, alors bye bye". On culpabilise (étape 2 : après l'écrasement, la culpabilité), on se dit qu'ils ne méritent pas que je coupe la relation, qu'ils vont être encore plus vulnérables. Et, avec leur super-radar-de-super-manque-de-chance, ils le sentent et appuient là où ça fait mal.

Maintenant que je raconte ces expériences, avec du recul, j'en ris. Mais bref, revenons à nos moutons... (c'est le cas de le dire, tiens je ne l'avais pas vu venir celle-là).

Le déclic ? C'est très simple. On te fait comprendre que tu n'es 1) pas compétente dans ce que tu aimes, 2) pas à la hauteur de tes projets, 3) que tu devrais te contenter de moins, beaucoup moins, 4) que tu es prétentieuse, 5) que c'est normal d'attirer la jalousie si je suis aussi jolie, que j'ai qu'à en faire moins, 6) que c'est normal d'attirer la rivalité, la compétition, si je suis aussi appréciée pour mes capacités, mes dons, 7) que j'ai qu'à placer la barre moins haute, 8) que je ne suis pas une fille accessible, 9) que je suis idiote d'aimer autant la vie, 10) que ma valeur est superficielle. Ouais, moi aussi j'ai entendu un gros "Et v'lan". 
Mais qu'on s'aperçoit, ensuite, que ces personnes "manque de chance" essayent d'être aussi bien habillées que toi, d'écrire comme toi, de se passionner pour ce qui te passionne, de pratiquer les activités que tu pratiques, de se montrer à droite à gauche pour en "faire plus encore", en somme d'avoir une vie aussi bien rangée, aussi colorée, aussi passionnée que la tienne. Déclic.
Pour quelqu'un qui ne mérite soit disant rien qu'une vie de "mouton parmi les moutons", c'est drôle comme ma vie, ma personnalité est devenue un "modèle" du genre.

Le temps passe, les personnes toxiques trépassent, et c'est fou comme la confiance en soi se reconstruit, tout doucement. C'est l'article coup de gueule (il en faut bien un de temps en temps), alors je continue sur ma lancée. Je suis une personne comme les autres, en ce sens où je suis imparfaite, avec des défauts, et ma vie n'est pas tous les jours un beau ciel bleu sans nuages. Il faut arrêter de tomber dans le piège des réseaux sociaux, qui veulent nous faire croire qu'on a tous une vie "Pinterest" (NDLR : parfaite, sans aspérités, merveilleusement décorée). Pour tout avouer, jusqu'ici je détestais cet engouement pour les réseaux sociaux (FB, Instagram, d'ailleurs G. déteste toujours autant cet engouement et je le comprends), mais j'ai dû prendre le pli, pour aplanir le chemin de certains projets, pour faciliter leur mise au grand jour (merci la vie d'artiste 2.0.). Je ne vous apprends rien, donc, si les publications sont soignées, et ne représentent pas même un quart de ma vie privée. Il y a un cadre, une structure, et ça ne doit pas dépasser. C'est le principe même des blogs lifestyle-mode-beauté, à chacun sa limite, son curseur, son honnêteté, son intégrité. Un cadre n'empêche ni l'honnêteté, ni l'intégrité, et encore moins la franchise.

Franchise que je chéris tant (à votre avis, pourquoi est-ce que j'aime autant les blogs de Dolly Jessy ou Maman Louve ?) : franchise dans ses propos, franchise dans ses photos (je n'en retouche aucune et je ne m'y mettrai pas), franchise dans ses partenariats, franchise dans ses opinions, franchise dans ses prises de position, etc.
Alors oui, j'adore ma vie d'artiste, je déborde d'idées, de projets, mon avenir est complètement incertain (les projets, ça a tendance à nous faire poser des questions), mes projets sont perpétuellement remis en question, je peux travailler trois heures sur un projet pour tout refaire car le feedback était constructif, j'adore la mode mais je déteste ressembler à tout le monde, je suis prête à payer 20 euros comme 150 euros, tant que le vêtement est pensé, la matière travaillée, j'adore les produits de beauté, ça ne m'empêche pas d'être très critique envers les industriels (j'adore les rouges à lèvres aussi... mais on s'en fout non ?), j'adore manger et je pourrais passer ma vie au restaurant avec G. (et non je n'ai pas une taille de guêpe, je ne fais pas du 36 ni du 38 mouillée, et oui je suis bien dans ma peau quand même, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre parfois...), j'adore la photographie, je ne sais toujours pas en prendre, après des années, je me persuade enfin d'apprendre, et j'apprends, petit à petit, et je me porte très bien (quoi ? ma photo ressemble à un phoque échoué sur la banquise ? hahahaha), je joue du saxophone, j'adore le jazz, et non je ne suis toujours pas inscrite à un Big Band (après trois ans à dire : je vais le faire ! je vais le faire ! G. ne me croit plus maintenant, je pense...) parce que je suis persuadée que je vais foirer l'audition d'entrée. Oui, moi aussi j'ai peur, je me dévalorise, et je recule, je suis une personne comme une autre vous vous souvenez ;). Je gagne ma vie en allant travailler (dans une boîte qui me fait prendre 2 kilos par mois d'ailleurs, quand je vous disais que j'avais un sacré rapport avec les bons repas !), pourtant j'adorerais vivre de ma vie d'artiste (on est au 21ème siècle, je sais...), mais j'adore aussi mon travail (faut que je me décide, hein ?). J'ai une addiction au café plutôt qu'aux tisanes détox (mais je me porte bien), j'adore la vie, me réveiller avec une musique sur laquelle je me déchaîne, danser dans toute la baraque (même enceinte)(oui je suis une cinglée)(je ne vous l'ai pas encore dit ?), mais il m'arrive aussi de déprimer, de pleurer, de me poser trop de questions, de me persécuter, de me détester, une personne comme une autre en somme (enfin, sauf ceux qui ne se remettent pas en question)(il paraît qu'ils n'en ont pas besoin). J'adore les beaux meubles, le design, et surtout le scandinave, je pourrais économiser pendant trois ans pour me payer un coup de foudre (je casse les illusions, avoir un joli intérieur ça s'apprend, ça se travaille et ça s'économise, ce n'est pas juste réserver aux "chanceux", à ceux qui "gagnent bien leur vie")(je devrais publier un livre sur ce que j'entends...), ça ne va pas m'empêcher de dégotter des meubles en brocante, à Ikéa, etc. (comme la mode, tout est une question du travail pensé, de l'art qui surgit derrière la subtilité et on s'en fout du "je veux m'afficher"). J'ai 24 ans, je suis mariée depuis bientôt trois ans, je vais accoucher en avril, et non je ne suis pas une psychorigide qui doit absolument cocher les cases avant trente ans, je suis très bien comme ça, merci (sinon j'ai un mari en or mais là ce n'est pas le sujet hahaha). 

Je me suis éloignée de mon sujet, à la longue (ou pas d'ailleurs). Tout ça pour dire qu'il faut arrêter les rivalités, les comparaisons, les pensées autodestructrices. Lancez-vous. On a tous une vie qui en vaut la peine. Dès qu'on s'accepte, c'est une toute autre histoire, et elle vaut vraiment le coup d'être entendue.
(Je n'ai pas dit qu'il fallait faire n'importe quoi non plus hein)(et je n'ai pas non plus dit :"on a qu'une vie alors éclatez-vous")(mais soyons raisonnables entre nous, dans le rapport avec les autres, et dans son propre rapport avec soi-même)(un peu de bienveillance, diantre ! oui, là faut vraiment que je m'arrête...).

Ps : Cela fait des années que je rédige puis je supprime ce type d'article, mais bizarrement, aujourd'hui, je suis totalement sereine, et même soulagée... Je ne pense pas être la seule à avoir connu ou connaître toujours ce type de personne. N'hésitez pas à partager vos expériences, c'est toujours encourageant ! J'espère qu'il vous plaira aussi ! Xoxo

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