19 février 2016

Le souvenir des choses simples,


Attraper ton pull, et m'emmitoufler dedans, ton odeur au creux de chaque maille. Retourner chez papa et maman, dormir chez eux pour une nuit, et retrouver l'odeur des draps de lit, cette lessive, les bons petits plats de maman, le soir, quand on est éreinté par la journée, et le plaisir de se lover contre ses parents, sur le canapé, devant la télévision, comme une enfant de dix ans. Que c'est bon d'être une adulte, mais que c'est bon de retrouver ces petits plaisirs, si simples, de jeunesse. Me lever tard le matin, épuisée par ma grossesse, et voir que tu m'as laissé un croissant frais sur le bord de la table, pour me réconforter, pour me donner envie de démarrer ma journée. Avoir trois livres et cinq magazines féminins sur la table et sourire, savourer ce bonheur d'avoir de l'émerveillement en attente, posé juste là. Faire une machine et étendre tes habits, en prendre soin, et voir comme tu es heureux de cette minuscule attention. Ouvrir le frigo, et voir qu'il reste encore un yaourt aux fruits. Rentrer du travail, et entendre ta présence dans la cuisine, sentir les effluves du dîner, retrouver la maison propre et rangée, sourire et me rappeler ta gentillesse et ta générosité. Regarder "Le Bon, la Brute et le Truand", chanter à tue-tête la BO d'Ennio Morricone, affalée sur ce canapé, à tes côtés, et rire d'innocence, d'insouciance, de bonheur. Se donner rendez-vous dans un café parisien, et s'y retrouver, comme deux adolescents amoureux, en catimini. Et marcher dans les rues de Paris, s'émerveiller de tout, s'imprégner de sa beauté immédiate, insondable, et t'écouter me raconter toutes les histoires possibles d'architecture et d'architectes ; sourire, comme une enfant, et avoir envie de t'embrasser, mais te laisser parler, ne pas t'interrompre, tu es tellement heureux là, comme ça. Rire aux éclats en te voyant avec la poussette, que tu fais rouler dans toute la maison, impatient. S'asseoir dans la cour, et profiter des rayons du soleil, qui dégoulinent sur ma peau ; et attendre le printemps, impatiemment. Penser à son papa, sans raison, l'aimer de toute sa force, lui envoyer un simple cœur, qui veut tout dire, et recevoir un texto immédiat avec plein de cœurs ; se dire qu'un jour, je n'aurai plus jamais de réponse immédiate, pleurer un peu, et l'aimer encore plus fort. Prendre le temps de se maquiller, de s'habiller, de se coiffer, se trouver jolie et se sentir bien ; simplement. Gros ventre ou pas, t'attendre avec ta chemise sur ma peau, ma petite culotte, et sentir tes bras autour de moi, tout cet amour, toute cette douceur, et le temps se suspendre. Recevoir le nouveau catalogue La Redoute, nouvelle collection printemps-été, nonchalamment posé dans ma boîte aux lettres, et le feuilleter pendant des heures, vouloir dévaliser le site Internet, apprécier les tenues, faire des choix, se projeter et s'émerveiller. Te surprendre devant l'ordinateur, ton verre de Cognac sur le bureau, à regarder l'architecture, les groupes d'architectes, sourire et me dire : oui, tu as vraiment trouvé ta voie. Continuer d'être surprise de voir comme un simple bon repas nous satisfait et nous comble de joie, d'amour. T'entendre me dire "J'aimerais bien qu'on s'achète des luminaires scandinaves et design", te regarder, comprendre que tu étais sérieux, et sauter de joie, faire des recherches, les trouver, les mettre de côté et attendre impatiemment de pouvoir les commander. Voir combien tu es fier de moi, lorsque je me dépasse, lorsque j'accepte mes peurs, lorsque je vais de l'avant, lorsque je me découvre en mieux ; tu me révèles. T'entendre me dire combien tu aimes mon goût, ma délicatesse des jolies choses, pour la mode, la beauté, la décoration intérieure, la cuisine, et même les détails les plus insignifiants ; se sentir aimée, garder ce souvenir précieusement au fond du cœur, et se rappeler que tu me connais entièrement, sans filtre, et que tu sais apprécier chaque point à sa juste valeur, et remercier le Seigneur, pour ce mari. S'arrêter au Starbucks, commander le café du moment, s'affaler dans un fauteuil et bouquiner pendant des heures, sans que plus rien ne compte. Mettre ses pieds sur la balance, appréhender les kilos du septième mois, et s'apercevoir que je n'ai pris que quatre malheureux kilos depuis le début. Aller à Sephora, et s'enivrer, s'émerveiller. Boire son café du matin, et sentir l'énergie qui l'accompagne ; se rappeler l'importance du café du matin pour mon papa, et sourire, se laisser envahir par les souvenirs d'un café bu devant la fenêtre, à l'étroit, sans avoir besoin de parler pour se comprendre, pour s'aimer. Vouloir être écrivain, styliste, conseillère en image, consultante en beauté, décoratrice d'intérieure, et se satisfaire de ce que l'on est déjà, de la chance que l'on a, et t'entendre me dire "tu es déjà tout ça à la fois, ce n'est simplement pas ton métier, car ta passion t'épanouie entièrement", et se blottir contre toi avec tendresse. Aller à un concert de Jazz, et commander un Mojito. Rejoindre son grand-frère dans son appartement parisien, et être fier de lui, du chemin parcouru, des épreuves qu'il a traversées, sans ciller, sans s'abattre, et de sa confiance inébranlable dans les projets divins. Voir ce même grand-frère parler pendant des heures avec mon mari, de tout, de rien, juste le plaisir d'être ensemble, et être reconnaissante, savourer ces images de bonheur qui défilent sous mes yeux. Se disputer, mais sans jamais cesser de communiquer, et prendre conscience qu'on ne se fâche jamais plus d'une heure, qu'on se dit tout, et qu'on avance toujours. Se faire une manucure après neuf mois de grossesse, s'acheter du saucisson, du camembert, une bouteille de vin, et juste kiffer. Parler jusqu'à trois heures du matin, à refaire le monde, à mettre en forme mille et un projets que nous avons, et s'endormir l'un contre l'autre, heureux. Retourner chez mes grands-parents, et savourer les feux de cheminée, les forêts de pin, le chien qui nous saute dessus, les montagnes à perte de vue, la cuisine du potager de mamie, les moutons dans le pré, ces odeurs d'enfance qui jamais ne s'usent, ne s'étiolent. Fêter bientôt nos trois ans de mariage, être fiers de nous, tout ce chemin parcouru, tous ces cailloux qui parfois ont voulu nous faire trébucher, sans jamais y parvenir, sans jamais nous écorcher, et être fiers de notre avancée, de nos capacités, de nos certitudes, de nos convictions, de nos projets, de nos réflexions, de notre couple et bientôt de notre famille. Marcher en forêt lorsqu'il pleut, s'amuser dans les flaques d'eau, salir ses bottes de pluie, mais rire aux éclats, être capable de rire aux éclats, comme une enfant ; et tomber sur tes yeux émerveillés de ce spectacle qui te fait tant sourire. Tomber sur des vieilles photos et me moquer de toi. Vivre à Paris, dans une petite maison, et pourtant ne vouloir être nul part ailleurs. 

Oui, reconnaître la beauté des choses simples, ces plaisirs du quotidien, ceux qui nous marquent, qui nous façonnent, à jamais, et s'en émerveiller, chaque jour ; ne jamais cesser de s'émerveiller comme des enfants, c'était une de nos promesses, alors merci de continuer à la tenir, main dans la main avec moi, malgré la vie, malgré les épreuves, malgré les critiques, les jalousies, malgré la pluie, la neige, malgré le froid, le vent, malgré la douleur, malgré les larmes, malgré les virages, malgré tout mais envers et contre tout.

1 commentaire:

  1. C'est si beau que tu reprennes l'écriture. On écrit si peu sur le bonheur, et toi tu le fais si bien. Tes articles me font du bien, me chuchotent, quelque part, que tout n'est pas perdu pour le Monde. Il est si beau votre Amour, elle est déjà si belle votre Famille. Tu es une si Belle personne Elsa, et j'espère, j'espère vraiment que tu t'en rends compte. Continue à faire envoler tes sourires, à déployer tes bonheurs par-dessus nous. Ces bonheurs minuscules mais essentiels.
    Ps: C'était un petit filou dans le frigo ? :)

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